La course

La course

Il était une fois, un vieil homme, seul habitant de sa belle montagne,
surpris de voir par sa fenêtre quelqu’un courir vers là-haut.
Tiens, un petit papier, dit-il.
Il oublia l’événement, presque aussitôt.

Une semaine passa et, alors que le montagnard se reposait,
une grappe de personnages courrait vers le sommet.

Les langues trop pendues pour servir à saluer, ils disparurent entre les sapins.
Tiens, des papiers, se dit le vieux, et il les ramassa, un à un.

Quelques jours plus tard, cette fois, l’homme eut le temps de s’assoir, de boire et manger,
avant que le dernier des coureurs ne soit passé.
À peine étonné, il dit : des papiers, encore.
Alors, lui vint une idée.

Songeant que repasserait devant sa maison une nuée de gens pressés,
il installa sur un tas de pierre bien visible, un grand panier.

Cette fois, tellement de monde, que cela mit une heure, au moins,
avant que la poussière ne retombe.
Hélas, la corbeille ne contenait que de l’air, et le vieux, voyant le sentier, se dit :
cette fois, ils exagèrent !

Quand le bon jour arriva, un attroupement s’était formé devant une corde, qui barrait l’entrée du bois.
Là, un panneau annonçait :
« Aujourd’hui, Grande course
La maison sur la montagne
à celui qui gagne »

Une jeune personne, pleine d’impatience, cria par-dessus la foule :
Le vieux, quel est donc la règle de cette course
pour une si grande récompense ?

L’ancien dit ceci : Le vainqueur sera celui ou celle qui comptera le moins de temps au sommet.
Et chaque petit papier, donnera une minute d’avance, à celui qui l’aura emporté.
C’est ma maison que je joue.
Je fais la course avec vous !

La foule rirait, sautait, s’échauffait et, tout ce monde,
attendait que la corde tombe.

On démarra, dents serrés, les coudes qui jouent,
mais pas le vieux, qui passait pour fou.

L’ancien sortit son couteau et dans une belle branche,
tailla une pique effilée, idéale,
pour du papier.

Son bâton agile, une fois en chemin, piqua l’un, et l’autre,
jusqu’à ce qu’il n’en reste aucun.

Le jour passa, la nuit, et enfin l’aube.
Au sommet, les concurrents lancèrent au vieux :
te voilà, finissons-en !

Partout, empoignades et disputes pour la première place
L’homme de la montagne fit les quelques derniers pas, dans le vacarme des attaques,
jusqu’à la corbeille à papier, et vida son sac.

Voyant faire le vieux,
les combats cessèrent,
et se rappela comme une lumière,
la règle du jeu.